Quartier lointain de Jiro Taniguchi
Ce jour d'avril 1998, un homme s'apprête à prendre le train pour rentrer chez lui, à Tôkyô. Il s'appelle Hiroshi. C'est un cadre d'entreprise comme le Japon en produit des milliers. La bouche légèrement pâteuse et la tête lourde – il a encore trop bu la veille lors d'un repas d'affaires –, cet homme de 48 ans a rendez-vous avec son destin.
Car le train qu'il prend n'est pas le bon : sans l'avoir fait exprès, il se retrouve à bord d'un express qui se dirige tout droit vers sa ville natale. À l'arrivée, avant de repartir à destination de Tôkyô, Hiroshi décide de faire un tour dans les rues où il a grandi, devenues méconnaissables. Dans le petit cimetière où est enterrée sa mère, il s'assoupit quelques minutes.
Mais à son réveil, il constate avec une surprise mêlée d'effroi qu'il vient d'effectuer un bond dans le passé. Il se trouve en effet projeté à l'époque de son adolescence, et doit désormais vivre dans l'enveloppe corporelle qui était la sienne à l'âge de 14 ans. ! Mais ses souvenirs, sa mémoire et ses capacités intellectuelles sont restés ceux d'un homme de 48 ans...
J’aime beaucoup ce type d’histoire, avec retour dans le temps ; j’ai donc avant tout été séduite par le scénario. C’est vraiment très bien écrit, l’histoire est fluide et je n’ai pas pu lâcher la BD avant la fin.
C’est une histoire avec un certain suspense (comment Hiroshi va-t-il s’en sortir, va-t-il retrouver son corps et son époque ?), mais aussi et surtout une histoire s’intéressant à la psychologie des personnages. Notre point de vue évolue en même temps que celui d’Hiroshi, qui voit d’un autre œil les réactions de ses parents, qui s’interroge sur les valeurs qu’il donne à sa vie. S’épanouit-on davantage en tant que cadre que lorsqu’on a 14 ans et plein d’insouciance ? Tout va-t-il réellement pour le mieux dans sa famille de 1998 ? Dans quelle mesure, et de quel droit, peut-il influer sur le cours des choses, lui qui connaît déjà l’avenir ?
J’étais en revanche moins accrochée par le dessin, au départ. Je le trouvais trop lisse, trop carré, trop académique. Finalement, c’est un style qui colle avec celui de l’histoire et les deux créent une BD originale et attachante, qui donne envie de découvrir le reste de l’œuvre de Taniguchi.