Sans feu ni lieu de Fred Vargas
Clément Vauquer est une rareté. Il est stupide au point d'exécuter ce qu'on lui demande de faire sans se poser de questions, et assez aveugle pour ne pas voir la tombe qu'on creuse sous ses pieds. Pour un manipulateur, c'est une véritable aubaine.
Lorsque son portrait s'étale à la une de tous les journaux et qu'on l'accuse d'être le tueur en série de jeunes parisiennes, il n'y a que la vieille Marthe pour croire à son innocence. Cette ancienne prostituée, qui avait pris Clément enfant sous son aile, va tout faire pour prouver l'innocence de "son petit". Elle fait appel à Louis Kehlweiler, ancien client et ami de longue date, qui va mener l'enquête avec son équipe d'érudits, les évangélistes.
J’avais lu quelques nouvelles de Fred Vargas, mais un seul autre roman auparavant : Pars vite et reviens tard, que j’avais beaucoup apprécié. J’avais cependant trouvé quelques lenteurs au début, ce qui n’est pas le cas ici.
Les personnages sont attachants, y compris le présumé coupable, et toujours décalés, comme Vargas sait si bien les inventer. J’ai eu le plaisir de retrouver les évangélistes !
J’aime l’évocation des « vieilleries » qui semble être récurrente dans les romans de FV : le crieur dans Pars vite et reviens tard, et ici… ceux qui auront lu ce roman jusqu’à la fin comprendront mon allusion ludique. Il y a aussi ces occupations toujours improbables des personnages, comme le travail de Louis sur Bismarck, ou encore l’épisode du « napperon protège-fils » (sublime idée).
Quant à l’intrigue, elle est bien menée, on peut faire confiance à l’auteur : prenante, sans temps mort, pleine de rebondissements. Même si j’avais malheureusement subodoré l’identité du coupable.