Andromaque de Jean Racine

En Epire, au lendemain de la défaite de Troie, Andromaque est prisonnière à la cour de Pyrrhus. Mais, alors que celui-ci doit épouser la grecque Hermione, il s'enflamme pour sa captive et lui offre son royaume. Andromaque, toujours éprise de son époux Hector tué dans le conflit, rejette cet amour.
Pyrrhus menace alors d'exécuter Astyanax, le fils d'Andromaque et d'Hector. Pour assouvir sa passion, il est prêt à tout, même à une guerre contre ses alliés grecs. Quant à Hermione, elle rêve de vengeance, tandis qu'Oreste, son prétendant malheureux, attend son heure.
Dans une atmosphère lourde, les passions se déchaînent. A la fois bourreaux et victimes, les personnages tentent d'échapper à l'engrenage fatal. Dans une langue épurée, aux sonorités enchanteresses, ils nous donnent le spectacle terrible et émouvant de ce que nous nous sentons être confusément: des hommes capables du meilleur mais parfois emportés par le pire.
Andromaque ou la tragédie à l’état pur !
Il m’a fallu quelques pages d’acclimatation pour me faire aux alexandrins, mais on est rapidement plongé dans cette pièce de théâtre.
L’histoire est du genre universelle ; si je peux me permettre cette comparaison (non, en fait, je ne devrais vraiment pas, mais c’est parlant !), Andromaque est aux feux de l’amour ce que les romans de Jane Austen sont à ceux de Barbara Cartland. La même trame, le génie et le style en plus !
En gros, Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui ne pense qu’à son défunt mari et au devenir de son fils. La passion pousse les trois premiers aux actions les plus folles (jusqu’au meurtre), mue tantôt par l’amour, tantôt par le désir de vengeance.
Il n’y a qu’Andromaque qui reste pure tout au long de la pièce. Elle vit de nombreux déchirements, se trouvant toujours face à des alternatives à l’issue forcément fatale (le fameux « dilemme tragique »).
On vit avec les personnages leur ascension vers la destruction finale ; on sait forcément que ça va mal se terminer…
Mais bon, la morale est sauve : Hermione et Pyrrhus, les plus ravagés du bulbe dans l’affaire, se retrouvent avec… la pire fin possible ; Oreste, qui cogitait quand même davantage sur le bien et le mal, ses aspirations et ses principes, perd la boule (souvenez-vous, il voit les Furies et leur demande pour qui sont ces serpents qui sifflent sur leur tête) ; quant à Andromaque, bah, finalement… ça paie d’avoir la foi :-)
Bref, une histoire aux ficelles classiques mais parfaites et un style tout aussi remarquable, c’est du grand art et je ne regrette absolument pas cette plongée dans le classicisme.