Loin, très loin de tout dUrsula Le Guin
"Si vous attendez de moi que je vous raconte comment j'ai gagné mon insigne de basket-ball et acquis célébrité, amour et fortune, alors ne lisez pas cette histoire. J'ai acquis quelque chose, c'est sûr, au cours des six mois dont je vais vous parler. Mais quoi ? Je n'en sais rien. Je pense que je n'aurai peut-être pas assez de toute ma vie pour le découvrir."
Owen, à dix-sept ans, se sent un être à part, hors du coup. Il a beau faire, jamais il ne fera partie d'une bande, jamais il ne sera le boute-en-train de la classe. Jusqu'au jour où il rencontre Natalie, la première personne à qui il a quelque chose à dire. Cette fois, Owen n'est plus seul.
Il a été demandé à chaque professeur-documentaliste stagiaire de lire cette semaine un bouquin « pour le travail », pour découvrir les collections destinées à la jeunesse. Comme je travaille en collège, j’ai voulu découvrir un roman d’une collection destiné à un public que je ne connais pas, celui des lycéens.
J’ai donc choisi ce livre, « loin, très loin de tout » : parce qu’il fait partie de la collection Babel J de chez Actes Sud, destinée aux lycéens et jeunes adultes, et parce qu’il a été écrit par Ursula Le Guin, dont on m’a beaucoup vanté les talents dans le domaine de la science-fiction.
Avec ce petit roman, on est bien loin de la SF : c’est un court roman d’apprentissage, qui décrit les méandres de l’adolescence. Le narrateur est un jeune homme qui se sent seul, qui ne se reconnaît pas dans ses camarades ni dans l’image que projettent ses parents du fils qu’ils voudraient avoir.
C’est un intello qui est heureux dans son monde réflexif mais qui a du mal à l’assumer et qui ne sait pas trop quel parti prendre : faire semblant d’être heureux d’avoir une voiture alors que ça ne le branche pas une seconde ? Ne pas se soucier de sa solitude et se laisser porter par le destin tout tracé qui (croit-il) l’attend ?
C’est avec Natalie qu’il découvre le bonheur de pouvoir partager, de pouvoir parler avec l’autre et de se sentir compris. Cependant, rien n’est jamais simple…
Je viens de lire que ce roman a été écrit en 1976, or l’histoire d’Owen est intemporelle, sa progression vers l’âge adulte est très bien décrite. Elle est aussi très bien écrite, j’ai été emballée par le style de l’auteur. Peut-être lirai-je plus tard un de romans SF ?