La joueuse de go de Shan Sa
1937. Alors que la Mandchourie est occupée par l'armée japonaise, une lycéenne de seize ans semble ignorer tranquilement la guerre, les cruautés, les privations. Mélancolique, seule, l'adolescente joue au go. D'où tient-elle cette maîtrise ? Place des Mille Vents, la lycéenne s'amuse à mentir. Ses mains déplacent les pions sans jamais se tromper, les joueurs s'assoient en face d'elle à une table gravée en damier et la défient. Le go est une esquive. Est-elle amoureuse de Min ou de Jing ? Sait-elle qu'ils aident tous deux à la résistance contre les japonais ? Entre les bras duquel des deux perd-elle une virginité fiévreuse ? Elle ignore encore son adversaire de demain : un officier japonais, à peine plus âgé qu'elle, un samouraï de métal, sanglé dans le sacrifice nécessaire à la Patrie impérialiste qu'il défend.
Tout le roman est fait de courts chapitres qui alternent, une lycéenne chinoise d’un côté, un officier japonais de l’autre. Je suis assez impressionnée par le style : comment peut-on écrire comme ça dans une langue qui ne vous est même pas maternelle ? Je me suis attachée à la jeune chinoise, qui a une vie franchement libre pour l’époque et le pays (ou alors je me fais de fausses idées). En revanche, je n’ai pas réussi à avoir de l’empathie pour le japonais, qui vit la guerre avec moins de souffrances que je ne l’imagine (est-il trop dur ou trop pudique ?).
C’est un roman qui dégage une atmosphère doucement mélancolique, impression que j’ai souvent ressentie à la lecture d’auteurs d’Asie du Sud-Est. J’aime beaucoup cette « asian touch » !