Je suis noir et je n'aime pas le manioc de Gaston Kelman

Alors mon brave, dit un officiel français à un émigré convalescent dans un hôpital de Bamako : toi content repartir en France regagner sous ! Toi faire quoi en France ? - Je suis Professeur de littérature à la Sorbonne, monsieur "
Un Noir, n'est-ce pas, ce n'est pas très intelligent ni très cultivé. Il a certes de bons côtés : il se nourrit de manioc, il est rieur, enfantin, doué pour la musique (sauvage et rythmée, pas classique), mais c'est surtout sous-développé et ça compense par un membre surdimensionné... Tout le monde le sait. Or, la France compte un nombre incalculable de ces individus qui font partie intégrante de la nation, comme Gaston Kelman. L'auteur vit depuis vingt ans en France et se définit avant tout bourguignon. Fort de son expérience, il dévide avec une verve féroce les lieux communs qui pèsent sur les Noirs ; alternant le sérieux de son propos avec des anecdotes pathétiques, hilarantes et parfois cruelles. En véritable sociologue, il porte aussi un regard lucide sur les Noirs " qui se complaisent trop souvent dans le rôle de victimes ".
L'exercice ne doit rien au masochisme : c'est en fait un exposé analytique des bases du racisme ordinaire, lequel frise le niveau intellectuel de l'homme de Néandertal. Peu d'essais posent aussi brutalement la question à laquelle généticiens et anthropologues ont pourtant déjà répondu : et si le Noir n'était rien d'autre qu'un Blanc à la peau noire ?
J'ai trouvé que Kelman disait des choses très justes et c'est tout à fait salutaire de se rappeler de ce dont il parle, ou alors d'en prendre conscience.
Je mettrais quand même un bémol, il m'a semblé que lui aussi se laissait parfois aller à certaines généralités, ce qui est franchement malvenu dans un tel ouvrage ; le style lui non plus ne m'a pas emballée, mais bon, ce n'était pas pour ça que je le lisais.
Bref, des choses très justes, mais une forme à mon goût déplaisante et ne servant pas tant que ça le fond.