Mémoires de Géronimo
En 1904, un « inspecteur général de l'éducation » de Lawton (Oklahoma) rencontre un vieil Indien, prisonnier de guerre et déporté, loin de son Arizona natal, à Fort Sill où il terminait ses jours en cultivant des pastèques : il s'agissait du célèbre chef apache Géronimo qui avait tenu en respect victorieusement, des années durant, les meilleures troupes et les plus glorieux généraux des États-Unis. Des liens se nouèrent entre eux, sinon d'amitié (vu la méfiance légitime de l'Apache), du moins de respect mutuel. C'est ainsi que Géronimo accepta de raconter sa vie à S.M. Barrett, ce qui nous permet de lire aujourd'hui ce témoignage sur le génocide qui marqua la « conquête de l'Ouest » .
Après avoir lu un roman mettant en scène les Crees d'aujourd'hui ( Les saisons de la solitude de Joseph Boyden), je reste dans ma période "lectures amérindiennes" avec ces mémoires du chef apache Géronimo, recueillies en 1904, cinq ans avant sa mort.
Le peuple apache est en réalité constitué de plusieurs tribus, et c'est chez les Chiricahuas que Geronimo est né. Ce chef de guerre raconte son enfance et la façon dont, comme tous les autres petits garçons, il est élevé pour être un guerrier. J'aurais aimé qu'il développe davantage cette partie de son récit, pour comprendre son mode de vie, ses valeurs... mais on peut comprendre qu'il n'ait pas souhaité se livrer totalement.
Il raconte ensuite sa vie d'adulte, jalonnée par les batailles, contre d'autres tribus mais aussi et surtout contre les Mexicains puis contre les Américains. Mû par la vengeance (les Mexicains assassineront sa femme et ses enfants), il commet plusieurs atrocités et ne s'en cache pas. Il exprime les faits tels qu'il les a vécus, et force est de constater qu'il a surtout connu la défense face aux attaques et la trahison. Le gouvernement américain lui fera plusieurs promesses, qui le mèneront à la reddition, mais ne les tiendra pas.
C'est donc un vieil homme regrettant de s'être rendu qui s'exprime, désabusé. Il se livre finalement assez peu, se contentant de décrire des faits, sans exprimer ses sentiments, ou à de rares occasions. C'est ce qui peut-être m'a manqué, mais comment ne pas être sur la défensive dans sa situation...
Son témoignage apporte la vision apache, celle de ceux qui ont vu leur peuple mourir lentement, leurs territoires volés un à un et la nature bien peu écoutée.
Son petit-fils (ou arrière-petit-fils, je ne sais plus) se bat aujourd'hui pour que la dépouille de son aieul lui soit rendue, afin qu'il soit enterré en territoire apache, conformément à leurs croyances et traditions. Il était venu en parler chez Elise Lucet il y a quelques temps, mais visiblement le gouvernement américain ne semblait pas très pressé d'accéder à sa demande.
Le billet de BlueGrey.