Le bonheur conjugal de Saint Augustin

Le Bonheur conjugal est un court traité dans lequel Augustin jette les bases de toute la théologie occidentale du mariage.Alors que les chrétiens, ses contemporains, vivent dans une attente millénariste de fin des temps, que se multiplient les sectes apocalyptiques, encouragées par la crise générale de l'Empire en proie aux invasions barbares, et que la virginité et l'abstinence sexuelle sont exaltées aussi bien par les manichéens que par certains Pères comme saint Jérôme, Augustin affirme que « le mariage est un bien », et que la vie terrestre ne doit pas être refusée.
Nourri de son expérience la plus intime - on sait qu'Augustin a passionnément aimé une femme, a vécu plusieurs années en concubinage et a eu un fils, Adéodat -, écrit avec la passion du polémiste et du grand styliste qu'il n'a jamais cessé d'être, ce texte fondamental éclaire des points essentiels de la pensée augustinienne.
Saint Augustin est un des pères de l'Eglise qui a lui-même eu une vie maritale avant de s'engager dans les ordres. Le fait qu'il ait eu une vie bien rangée avant son engagement me rend le personnage sympathique et m'a donné envie de le découvrir. Je suis tombée un jour (bien lointain maintenant...), par hasard, sur ce petit livre au titre accrocheur. Il se trouve que Saint Augustin était en quelque sorte une nouveauté dans ma vie professionnelle à ce moment-là (bon là je suppose que personne ne voit de quoi je peux bien parler, m(enfin bref), et je n'ai donc pas hésité à faire ce petit achat.
Après cette lecture, on peut dire que je ne connais toujours pas la pensée de Saint Augustin... J'étais peut-être trop distraite lors de ma lecture, ou trop obtue, mais j'ai l'impression d'être passée à côté et de n'avoir perçu aucun des sens profonds dont j'imagine que ce texte aurait dû être truffé.
Saint Augustin apporte certes un discours plus ouvert que certains autres théologiens, puisqu'il explique par exemple qu'on peut être marié et tout à fait honorable (à condition de ne pas être concupiscent, n'allez pas vous imaginer qu'il cautionne quoi que ce soit non plus!).
La pensée reste tout de même traditionnelle, évidemment, pour ne pas dire mysogyne. Il cite Saint Pierre, qui lui-même conseillait aux femmes de séduire leurs maris non pas avec des coiffures sophistiquées, de beaux bijoux ou des vêtements attirants, mais par "un esprit plein de douceur et de paix". C'est bien connu, ce qu'un homme regarde en premier chez une femme, c'est son esprit plein de paix... Quant aux maris, ils sont priés de traiter leurs femmes "avec honneur et circonspection comme des vases fragiles".
Saint Augustin insiste sur le fait qu'on peut être plus vertueux en étant marié qu'en étant vierge ; il fait notamment appel à une comparaison assez parlante avec l'alcoolisme (en très gros, mille excuses pour ce raccourci, mieux vaut être marié et sobre que vierge et bourré).
M'enfin bref, la conception augustinenne du bonheur conjugal, à moi femme du XXIe siècle, ne me semble guère novatrice... La continence, c'est la vertu, et le "commerce" au sein même du mariage n'est positif que s'il a pour but la génération.
Je ne sais ce que j'espérais en ouvrant ce livre, mais en tout cas, je ne l'ai pas trouvé. Me reste l'envie réelle de connaître Saint Augustin, tant l'homme que sa pensée, mais je crois que je ferais mieux de passer par une voie intermédiaire et dire quelque chose comme une biographie ou une interprétation de ses écrits, plutôt que d'entrer moi-même dans le vif du sujet... D'ailleurs, si vous avez des suggestions, je suis preneuse.