Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis

" Ta saloperie de feu va vous éteindre tous, toi et ton espèce, et en un rien de temps, crois-moi ! Yah ! Je remonte sur mon arbre, cette fois tu as passé les bornes, Edouard, et rappelle-toi, le brontosaure aussi avait passé les bornes, où est-il à présent ? Back to the trees ! clama-t-il en cri de ralliement. Retour aux arbres ! "
Lorsqu'on se penche sur la préface de ce texte, écrite par Vercors, également traducteur de ce livre, on ne peut douter de ce que sera notre état à la lecture de Pourquoi j'ai mangé mon père : au pire, la mort par le rire, au mieux un divertissement total et entier. Vercors a ri, Théodore Monod a ri, tout le monde salue l'humour dévastateur et ethnologique de Roy Lewis.
Utilisant avec réussite le principe ancien qui consiste à transposer dans une époque (la préhistoire), la pensée d'une autre (la nôtre), Roy Lewis nous conte les efforts de nos ancêtres les demi-singes dans leur lutte acharnée pour la survie et la prospérité de l'espèce.
Un roman instructif, que j'ai lu un peu comme un documentaire décalé. On en apprend sur la vie quotidienne du pléistocène et sur les premières inventions (la domestication du feu, la cuisson des aliments, le dessin, et même l'amour, même si ça n'entre pas trop dans ce cadre!).
Je n'ai pas ri, je n'ai pas trouvé ça poilant, et pourtant ça m'a plu. J'y ai trouvé "de l'esprit", comme on dit, et j'ai été charmée par l'énorme décalage entre le comportement attendu de ces pithécantropes et celui qui nous est décrit : leur langage et leur vocabulaire fourni, les phrases savantes par-ci par-là, leurs prénoms snobs, leurs convictions politiques (Vania le vieux con réac ou encore les tendances communistes d'Edouard).
Des sortes de Pierrafeu hauts de gamme?
En revanche, j’ai voulu prendre ce roman comme un divertissement et non comme un moyen subtil de m’interroger sur de grandes questions genre « qu’est-ce que le progrès »…