Une seconde chance de Patrick Cauvin
Zéphyrin, dit Firin, quinze ans, élève en classe de seconde dans un lycée parisien, mène une vie tranquille d’ado tranquille. Jusqu’au jour où va lui arriver un événement tellement surprenant qu’il va, pour notre plus grand plaisir, se mettre à tenir un journal.
Zéphyrin, embarqué dans une énième sortie culturelle organisée par Supertanker, la prof d’art, se retrouve donc au Louvre, peu soucieux des primitifs italiens qu’il est censé être venu étudier. Il s’échappe du groupe de la classe et, de déambulation et déambulation, finit par flâner dans le coin des peintres flamands. Un tableau précis attire son regard : celui d’une jeune fille de son âge, un portrait, datant du XVIIe. Fasciné par ce visage qui le trouble, il sort tout de même de sa contemplation lorsqu’il se rend compte que quelques gouttes de sang s’échappent de son bras… Et c’est dans un camion de pompiers qu’il se réveille quelques minutes plus tard, avec une inexplicable blessure, l’inquiétude de son enseignante et de ses camarades de classe, et bientôt un flic incrédule, peu convaincu par les « je ne sais pas ce qui s’est passé » de Firin.
Si je résume, nous avons là un ado qui ne manque pas de verve (et qui, petite digression, se dit « mauvais en français »…. J’aimerais bien en avoir des comme ça, moi, des élèves « mauvais en français » ! bref), une maman un peu perchée aux manies attachantes, un épicier du coin à la gouaille sympathique, un flic humain qui tient à découvrir la vérité et une histoire d’amour fantastique.
Facile, me direz-vous… Tous les ingrédients sont là… Eh bien, oui ils sont tous là, et la mayonnaise monte parfaitement bien ! Firin s’interroge un peu sur son étrange blessure, mais ce qui le turlupine, c’est avant tout le tableau devant lequel il est tombé en pâmoison : qui est la fille représentée sur ce tableau ? Pourquoi a-t-il l’impression de la connaître ? Comment peut-il sérieusement tomber amoureux d’une fille morte depuis des siècles ?
Les histoires d’amour fantastico-ésotériques sont à la mode, certes, mais elles n’ont pas toutes été écrites par Patrick Cauvin. Avec Cauvin, on a la légèreté, l’humour, le style qui changent tout ! J’ai toujours beaucoup aimé les livres de cet auteur, signés par ce pseudonyme ou sous son vrai nom ; c’est un de mes « page turners », je sais qu’avec lui je vais toujours passer un agréable moment de lecture.
C’est la première fois que je lis un de ses romans où le narrateur est un ado ; malgré quelques petits détails qui m’ont fait tiquer (quel jeune de quinze ans dit encore une « livre » de poireaux ??), j’ai adoré l’esprit caustique que Cauvin donne à Firin. L’ado toujours sans pitié pour ce qui l’entoure, ayant la pique naturelle et sans avoir l’air d’y toucher ! Un petit exemple parmi des dizaines d’autres, lorsque Firin entre au Louvre avec sa classe : « Une dame derrière moi s’est tournée vers son mari et a dit « c’est bien peint ! » ; sans doute une critique d’art ». C’est un petit rien qui me fait sourire, et c’est ça que j’aime chez Cauvin.
Quand, outre l’humour, on a l’histoire d’amour et le mystère, alors là, c’est parti pour quelques heures de lecture, sans pause jusqu’au mot « fin ».