Moby Dick d'Herman Melville
Avec Moby Dick, Melville a donné naissance à un livre-culte et inscrit dans la mémoire des hommes un nouveau mythe : celui de la baleine blanche. Fort de son expérience de marin, qui a nourri ses romans précédents et lui a assuré le succès, l'écrivain américain, alors en pleine maturité, raconte la folle quête du capitaine Achab et sa dernière rencontre avec le grand cachalot. Véritable encyclopédie de la mer, nouvelle Bible aux accents prophétiques, parabole chargée de thèmes universels, Moby Dick n'en reste pas moins construit avec une savante maîtrise, maintenant un suspense lent, qui s'accélère peu à peu jusqu'à l'apocalypse finale. L'écriture de Melville, infiniment libre et audacieuse, tour à tour balancée, puis hachée au rythme des houles, des vents et des passions humaines, est d'une richesse exceptionnelle.
Cette 4e de couverture n'est pas mensongère, et j'y retrouve les deux aspects qui ont le plus marqué ma lecture.
Le premier a été le style, une langue absolument remarquable, à laquelle je ne m'attendais pas. Je m'attendais certes à quelque chose de bien écrit, la réputation du livre ne pouvant pas être usurpée, mais j'ai trouvé une telle verve, un jeu avec la langue, maîtrisée, sublimée, que j'en ai été parfaitement subjuguée. Je viens de rouvrir la première page pour écrire ce billet, pour me remettre un peu dans l'ambiance du roman, et j'en suis déjà transportée.
Le second est caché derrière l'expression "suspense lent". Disons que l'adjectif m'a plus frappée que le nom qu'il qualifie, voyez... C'est là que j'ai vu que j'étais une lectrice finalement bien terre-à-terre. Même la plume la plus admirable n'a pu me faire oublier indéfiniment le contenu : des marins, qui chassent le gros poisson, si possible l'énorme cachalot (car oui, à l'époque, tout ce qui se trouve dans l'eau est un poisson, baleines comprises). Ou en tout cas qui tentent, qui ont pour objectif d'en attraper un ou deux, tant qu'à faire Moby Dick. Mais, à la page 290, en tout cas, celle où j'ai déclaré forfait, c'était pas gagné.
Je suis déçue, si déçue, d'avoir été tellement emballée par cette plume magnifique, pour finalement jeter l'éponge pour la simple et mauvaise raison qu'il ne se passe absolument rien... Je lirai Barleby le scribe pour renouer avec Herman Melville. Puisse-t-il me donner une seconde chance.