Les très riches heures de l'humanité de Stefan Zweig
L'Histoire, selon Zweig, procède par bonds : une succession de faits banals est interrompue de loin en loin par des événements clés. Ce sont ces moments " d'une grande concentration dramatique, porteurs de destin, où une décision capitale se condense en un seul jour, une seule heure et souvent une seule minute", que Zweig a voulu illustrer à travers ces douze récits.
Il y narre, et commente à sa manière, des événements aussi divers que la prise de Byzance, la quête de l'Eldorado, la bataille de Waterloo, l'expédition du capitaine Scott au pôle Sud, la pose de la première ligne télégraphique sous l'océan Atlantique, les derniers mois de la vie de Haendel et la genèse du Messie, ou la composition de La Marseillaise par Rouget de Lisle.
Stefan Zweig a choisi douze événements phares de l'Histoire pour les dire à sa façon, c'est-à-dire non pas pour nous rappeler ce qui s'est passé, mais bien pour nous le raconter. Là est toute la nuance, me semble-t-il : à partir d'une réalité avérée, d'un fait presque brut, Zweig parvient à redonner vie à ceux qui ont fait l'Histoire. On suit, pour chacune des ces "très riches heures de l'humanité", le destin des personnages qui vont faire basculer le cours des choses, souvent sans même le prévoir. On se plonge dans une époque, dans un contexte, et on sent la tension monter jusqu'au moment clef qui fera basculer le monde.
Outre que, comme d'habitude, ces histoires sont très bien écrites et savent toucher le lecteur pour le faire vibrer, j'ai beaucoup appris en les lisant. Les moments choisis ne m'étaient pour certains que vaguement familiers, voire pour d'autres carrément inconnus. Il est fascinant de voir que, sous l'impulsion d'un seul homme et pour des décisions qui à première vue semblent bénignes, on peut changer le cours de l'Histoire.
Zweig nous dit d'ailleurs dans sa préface : "ce qui d'ordinaire se déroule lentement, de manière successive ou parallèle, se comprime en un seul instant qui détermine et décide tout : un seul oui, un seul non, un geste avancé ou retardé rend cette heure irrévocable pour cent générations et détermine la vie d'un individu, d'un peuple, ou même la destinée de l'humanité entière".
Et c'est ainsi que je réussis le bébé-challenge Ich liebe Zweig!
Je participe également au challenge nécrophile, ici dans la catégorie "auteur suicidé" :