Les raisons du doute de Gianrico Carofiglio
Guido Guerrieri est appelé à la prison de Bari pour défendre en appel un prévenu condamné pour trafic de drogue. Reconnaissant en lui Fabio Ray-Ban, l'agitateur fasciste qui fut le cauchemar de son adolescence, il décide de refuser. Or, l'homme clame son innocence: il prétend avoir été dupé par son premier avocat. Et il lui lance: "On raconte que vous ne vous dérobez pas quand la cause est juste. On raconte que vous êtes un type bien." Guerrieri hésite, car les preuves sont accablantes; il sait qu'il est malvenu et dangereux de s'en prendre à un confrère. Mais quand la femme du détenu, d'une beauté stupéfiante, se présente à son cabinet, toutes ses réserves s'évanouissent.
J'ai découvert Gianrico Carofiglio cet été, en lisant en VO un de ses autres romans ; j'étais donc très curieuse avant de commencer cette lecture. Est-ce que ça allait me plaire? Est-ce que le passage au français changerait ma vision de l'auteur? Et, sans penser au précédent roman cette fois-ci, est-ce qu'un thriller judiciaire pourrait être à mon goût?
Parce que, présenté en ces termes, "legal thriller", ça ne me dit pas grand chose... Les procès, tout ça, bof.
Alors, certes, des procès, il y en a, ainsi que des chapitres entiers au tribunal ou à la prison. Mais ce qui aurait pu être un frein pour moi qui m'en faisait une image un peu barbante m'a finalement bien plu!
Disons-le tout de suite, le terme de "thriller" me semble un peu excessif : il y a une enquête à mener, certes, des personnages louches, certes, mais ce n'est pas ce qui fait le sel du roman. Le plus intéressant, ici, ce sont les personnages. Guido en tête, bien sûr : c'est un homme avec ses défauts, il a des hésitations, des pensées parfois immorales, quelques lâchetés... Mais c'est son humanité qui me l'a rendu attachant justement! Tous ses doutes et ses réflexions, qui ont parfois semblé de trop à certains autres lecteurs à ce que j'ai pu lire, m'ont justement paru essentiels pour l'image que l'on peut se faire de Guido.
Certains personnages secondaires en particulier me semblent devoir être évoqués eux aussi. Fabio Ponticelli, le client de Guido, entouré d'une aura de mystère : était-il ou non fasciste dans sa jeunesse? Est-il ou non innocent de ce dont on l'accuse? Et Tancredi, le pote flic bon vivant : un personnage un peu cliché, mais tellement sympathique!
Ces derniers mots résument assez bien l'impression que j'ai de ce roman : un roman sympathique, dans une atmosphère pleine de vie... Tout ceci semble réel, avec de "vrais gens", que l'on pourrait côtoyer... Et ça m'a beaucoup plu!
La cerise sur le gâteau étant bien sûr le goût de Guido pour la lecture "les livres étant ce qu'[il] préfère au monde", et sa fréquentation de la merveilleuse librairie Osteria del Caffellatte, ouverte la nuit uniquement, où on peut donc lire de la bonne littérature tout en mordant dans une pâtisserie à 4h du mat'!
Un grand merci à Guillaume de Babelio et aux éditions du Seuil.
Les billets de Cathulu, Daniel Fattore, Esmeraldae, Fashion, George, Leiloona, Mango.