Les fous de Bassan d'Anne Hébert
Le vent, la pluie, la rumeur de la mer et la pesanteur du passé font de Griffin Creek, petit village du Québec, un lieu étrange et presque hors du monde.
Un soir de l'été 1936, deux adolescentes vives et lumineuses, enviées ou désirées pour leur beauté par toute la petite communauté protestante du village, disparaissent près du rivage. A travers la voix ou les lettres de différents personnages, on assiste à la tragédie qui commence à se jouer, bouleversant ce village figé dans la tradition et le respect des Commandements.
Quel étrange roman! Toute la petite communauté de Griffin Creek a été touchée par la disparition de Nora et Olivia Atkins ; nous suivons donc le récit de ce qui s'est passé d'après plusieurs personnages. Les témoignages se croisent, sans forcément se ressembler, comme si tous n'avaient pas vécu les mêmes moments ; et puis, peu à peu, la vérité se fait jour. Les proches des jeunes filles s'expriment toujours de façon isolée, par le biais de journaux intimes ou de lettres ; ils n'en parlent pas entre eux, ne se croisent d'ailleurs quasiment pas. Deux périodes également se font écho : 1936, été du drame, et 1982, période contemporaine.
La construction du roman est un peu bizarre, mais ce qui m'a surtout gênée, c'est l'atmosphère extraordinairement malsaine qui s'en dégage. Il s'agit d'un drame, je suppose que c'est donc le but recherché que de faire ressentir au lecteur un certain mal-être ; mais ça a trop bien fonctionné sur moi!
Le style d'Anne Hébert est original, de réelle qualité et c'est pour cela que je la relirai peut-être un jour, mais je dois avouer que j'étais contente en terminant le livre d'échapper enfin à cette atmosphère intenable.
Roman lu dans le cadre de l'opération Décembre au Québec lancée par Jules. Karine l'a lu et en parle ici.