Les belles endormies de Yasunari Kawabata
Dans cette chambre aux rideaux cramoisis, des jeunes femmes livrent leur corps à la contemplation. Auprès des ces "Belles Endormies", intouchées et intouchables, des hommes déjà vieux viennent trouver une illusoire consolation à leur jeunesse enfuie. C'est avant tout la curiosité qui pousse Eguchi à franchir le seuil de cette maison singulière, mais il ne percera aucun de ses mystères. Lui qui pourtant ne ressemble pas aux "clients de tout repos" qui fréquentent la maison, il se pliera comme eux à ses règles étranges. Peu à peu, le vieil Eguchi se prend au jeu et chaque fois c'est aux côtés des ces corps de nymphes qu'il refait le voyage de sa vie. Sans tristesse ni nostalgie, il reverra en rêve les passantes d'une nuit, ses maîtresses, ses filles, sa mère, les femmes de sa vie.
Un bien curieux roman que celui-ci.
C'est une oeuvre très japonaise, si je puis dire : l'histoire est étrange et l'univers créé a quelque chose de dérangeant. Pourtant, ce qui pourrait être vulgaire est en fait écrit de façon très poétique... Bref, un condensé de ce qu'un lecteur occidental s'imagine de la littérature japonaise (le non-averti en tout cas, comme moi).
Le vieil Eguchi passe donc la nuit à plusieurs reprises dans une auberge au concept bien étrange. Des vieillards dorment aux côtés de jeunes filles, qui, consentantes, sont droguées pour ne jamais se réveiller avant le client. Tenter de les réveiller est impossible et serait dangereux pour l'établissement, dont la patronne tient à bien montrer qu'elle n'emploie pas des prostituées. Les clients doivent d'ailleurs être "de tout repos".
Eguchi se targue de ne pas encore avoir intégré cette catégorie, mais il est finalement comme les autres habitués des lieux : à la recherche de moments avec la jeunesse, pour oublier sa vieillesse, le temps qui passe et son angoisse de la mort.
Pendant que dorment les jeunes filles, il réfléchit, se plonge dans ses souvenirs et se rappelle les femmes qui ont compté dans sa vie.
Je m'attendais à un roman un peu malsain, glauque, et finalement, c'est certes dérangeant mais autant que je ne le craignais. C'est en revanche suffisamment surprenant pour que je ne sache finalement qu'en dire... Je ne suis pas capable moi-même de dire ce que j'en ai pensé.
A vous de me dire quel aura été votre ressenti!