Le déchronologue de Stéphane Beauverger
« Je suis le capitaine Henri Villon, et je mourrai bientôt.
Non, ne ricanez pas en lisant cette sentencieuse présentation. N’est-ce pas l’ultime privilège d’un condamné d’annoncer son trépas comme il l’entend ? C’est mon droit. Et si vous ne me l’accordez pas, alors disons que je le prends ».
Ainsi débute le récit du capitaine Villon. Il lutte avec son équipage de pirates pour préserver sa liberté dans un monde déchiré par d’impitoyables perturbations temporelles. Son arme : le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps.
Décidément, après La horde du contrevent d'Alain Damasio, La Volte sait dénicher les pépites de la SF à la française!
Dans un XVIIe siècle qui semble au départ tout à fait conforme à celui de nos livres d'histoire, Henri Villon, capitaine huguenot, a fui la France après le massacre du siège de La Rochelle dont il a réchappé et s'est fait pirate dans les mers du Sud. Il s'est allié avec d'autres Français, qui tentent plus respectablement de créer des colonies sur ces nouvelles terres ; mais l'Espagne règne en maître.
Villon est prêt à tout ou presque pour obtenir de nouvelles maravillas, si difficiles à obtenir et si précieuses. Il s'agit d'objets venus du futur, que l'on récolte lors de tempêtes temporelles. Mais, outre ces obets si convoités, le futur apporte également de nouveaux ennemis, puisque plusieurs marins racontent avoir croisé en mer un navire immense et visiblement invincible. Ce qui passe d'abord pour une légende devient de plus en plus crédible, au fur et à mesure que les nouvelles villes espagnoles de la côte viennent à disparaître.
Je ne sais si le bref portrait que je viens de vous brosser est alléchant, mais si vous aimez la flibuste et le thème des voyages temporels, ne passez pas à côté de ce grand roman. Le côté SF est subtilement amené et c'est avant tout un roman de piraterie, bien écrit, bien pensé, aux personnages hauts en couleur. Je me suis régalée du début à la fin.
Petite précision sur ma dernière phrase - et sur le roman lui-même, donc. Les chapitres ne se suivent pas, et l'ordre chronologique du roman n'est pas respecté. Je comprends bien la volonté de l'auteur de coller à son thème du "déchronologue" jusque dans la structure de son récit et j'ai voulu respecter ce choix en lisant les chapitre dans l'ordre proposé. Malheureusement, je dois avouer qu'au bout de seulement trois chapitres, j'étais perdue et déjà énervée... J'ai donc repris ma lecture depuis le premier chapitre et les ai lus ensuite dans l'ordre chronologique, naviguant dans le bouquin. Je ne saurai jamais si j'aurais fini par apprécier une lecture aléatoire, mais j'ai adoré ce roman lu dans l'ordre que j'ai finalement choisi! Je serais curieuse de connaître les avis de ceux qui auraient été plus courageux que moi.
Merci aux éditions Gallimard qui ont eu l'excellente idée de publier ce roman dans la collection Folio (et de m'en avoir offert un exemplaire!).
Les avis de Coeurdechêne et Ys.