L'ancre des rêves de Gaëlle Nohant

L'ancre des rêves, chouchou incontesté des blogueurs de l'année 2007! Pour ma part, j'avais préféré attendre, attendre d'avoir oublié tout ce que j'en avais lu pour m'en faire ma propre opinion. Et puis, soyons franche, j'avais peur d'être la seule à ne pas aimer et à ne pas savoir comment le dire!
Rassurez-vous, je vais rester terriblement conventionnelle : ce fut un énorme coup de coeur pour moi aussi!
Les frères Guérindel vivent chaque jour dans l'angoisse du cauchemar de la nuit qui les attend... Et nuit après nuit, l'horreur du rêve est toujours la même. Aucun n'ose s'en ouvrir à qui que ce soit, ni à ses frères, ni à ses parents...
Mais un jour, Lunaire (quel joli prénom!) décide d'affronter son rêve, de ne plus subir et de mener l'enquête pour comprendre son cauchemar. Ses recherches le mènent d'abord auprès du père Jo, puis d'Ebenezer (ainsi nommé en hommage à Dickens... d'ailleurs j'ai Un chant de Noël dans ma PAL, je sens qu'il ne va pas tarder), qui a passé sa vie à aider les marins, et de la vieille Ardélia, qui les a tant aimés, les marins...
Car nous sommes en Bretagne, les marins hantent les rêves des enfants et terrorisent encore certains adultes... Comme Enogat, la mère des garçons, qui leur interdit d'approcher la mer, la mer qui ensorcèle ceux qui l'approchent et refuse parfois de les rendre à la terre et à ceux qui les attendent à quai. J'ai senti l'air marin, j'ai vu les embruns, je me suis sentie bretonne sans jamais y avoir mis les pieds!
Quelle atmosphère... J'ai vraiment été happée par tout ce petit monde. Le côté fantastique m'effrayait au départ, moi qui ne regarde déjà par les films interdits aux moins de 10 ans de peur de mourir de trouille. Finalement, bien que les rêves des garçons soit clairement des cauchemars, je n'ai pas eu la frousse. J'ai adoré la façon qu'a Gaëlle Nohant d'évoquer ce monde onirique comme s'il était clairement réel, sans nul doute lié à la réalité et au monde des vivants.
On est dans une Bretagne encore empreinte de légendes, où on cohabite avec son passé, ses morts, ses rêves, et avec la mer, qui fait un peu figure de divinité païenne. C'est à mon sens un tour de force que de parvenir à créer une telle atmosphère, qui vous happe comme un aimant!
Je voudrais évoquer un dernier point qui me semble important dans ce roman : les relations familiales. Les histoires du passé restent au placard, on est dans le non-dit qui se veut protecteur et qui fait des ravages... Et pourtant Enogat déborde d'amour pour ses enfants, ses fils sont tout pour elle ; tout comme les garçons, qui sont très attachés les uns aux autres mais ne savent comment le montrer. Il y aurait bien d'autres choses intéressantes à évoquer quant à la famille dans ce roman, mais je me tais, je ne vous spoilerai pas!
Je suis très frustrée de ne trouver les mots pour vous convaincre que vous feriez une grave erreur en passant à côté de cette lecture, parce qu'il s'agit là clairement d'un coup de coeur pour moi!
Il s'agissait d'une lecture commune avec Bladelor et Sylire. L'avaient lu avant nous Choupynette, Clarabel, Elfique, Emeraude, Fashion, Florinette, monsieur Kiki, Lhisbei, Lilly, Lily, Tamara, Thom, Yuyeyin...