Firmin de Sam Savage
Firmin raconte l'histoire d'un rongeur érudit qui a vu le jour dans les sous-sols d'une librairie de Scollay Square, vieux quartier en péril du Boston des années 1960. Plein d'appétit pour les mots, épris de nourritures spirituelles autant que terrestres, Firmin ne peut communiquer tous ses coups de coeur ni exprimer ses détresses, et voit avec révolte se déliter sa race comme son quartier, cernés par l'incompréhension des hommes et par les mécanismes du profit. Mais la rencontre avec un romancier marginal le sauve du pessimisme ambiant.
La couverture avec le petit ratou sur sa pile de bouquins a un côté craquant, et que dire du sous-titre! Je n'ai aucune aversion pour les rongeurs, j'aime plutôt bien ceux qui sont domestiqués, alors je trouvais le pitch de départ bien intéressant : un rat qui grandit au sous-sol d'une librairie et qui va grandir entouré de livres, quel beau tableau.
Mais Firmin m'a franchement déprimée : il est seul, mal-aimé, aigri, dépressif, vit dans un quartier qui lui-même est sur le déclin... bref, c'est morose. On pourrait vite arriver au raccourci selon lequel la lecture est un loisir solitaire, réservé aux déprimés ronchons qui préfèrent s'enfermer dans leur coin. Quant à la narration, je l'ai trouvé plutôt confuse, ça m'a gênée à plusieurs reprises.
Pour sauver un peu les meubles, je peux vous dire que j'ai apprécié le passage central du roman, lorsque Firmin rencontre l'écrivain ; enfin un peu d'échanges, de nouvelles pensées, un peu d'action!
Bref, ça aurait pu donner un roman d'enfer, mais j'ai été déçue, je pense être passée un peu à côté de ce roman qui a pourtant séduit bon nombre d'autres lecteurs.
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