Naufrages dAkira Yoshimura
Isaku n'a que neuf ans lorsque son père part se louer dans un bourg lointain.
Devenu chef de famille, le jeune garçon participe alors à l'étrange coutume qui permet à ce petit village isolé entre mer et montagne de survivre à la famine : les nuits de tempête, les habitants allument de grands feux sur la plage, attendant que des navires en difficulté, trompés par la lumière fallacieuse, viennent s'éventrer sur les récifs, offrant à la communauté leurs précieuses cargaisons.
Sombre et cruel, ce conte philosophique épouse avec mélancolie le rythme, les odeurs et les couleurs des saisons au fil desquelles Isaku découvre le destin violent échu à ses semblables dans cette contrée reculée d'un lapon primitif.
Un « conte sombre et cruel », je trouve que l’image présentée sur la 4e de couverture est assez bien trouvée.
Isaku n’a vraiment pas la vie facile. A neuf ans, il trime comme les adultes, ne mange quasiment rien, se fait sans cesse rabrouer par sa mère et vit au sein d’une communauté qui vit perdue et sans ressources.
Il accepte toutes ces privations sans les remettre en question, sans jamais se rebeller. Il ne se pose pas vraiment de questions de conscience vis-à-vis des naufrages organisés, grâce auxquels les villageois survivent. Et le pire, c’est que nous non plus !! Tout est présenté de telle façon qu’on n’est qu’à peine choqué par ce que ces gens sont conduits à faire. Tout est simple, évident, sans détour.
Yoshimura crée un univers très particulier et vraiment prenant. D’une certaine manière, ce roman m’a fait penser à « Ouest » de François Vallejo, j’y ai retrouvé la même atmosphère simple mais dure et surtout inévitable.
C’est un petit bouquin qui n’a l’air de rien, mais qui, sans faire de bruit, vous laisse des traces.