Wilt de Tom Sharpe

Publié le par kalistina


« Comment se sortir d'une poupée gonflable et de beaucoup d'autres ennuis encore »

 Professeur de culture générale d'un lycée technique à Londres, Henry Wilt aborde la quarantaine dans un état critique. Alors qu'il tente à longueur de journée d'instruire une bande d'adolescents qui se soucient du sonnet shakespearien comme de leur premier porridge, sa femme Eva saisit la moindre occasion pour le harceler. Et tout y passe: son manque d'ambition, sa virilité de mollusque, son goût immodéré pour la bière. Wilt ne peut que grommeler en subissant ces réprimandes. Jusqu'à cette fameuse soirée, où ridiculisé une fois de trop, il décide de supprimer celle qui a fait de sa vie un enfer.

 
Les premières pages m’ont fait un peu sourire, sans m’accrocher plus que ça, et puis, au bout d’un moment, le « truc » se déclenche. Ce roman, c’est du grand n’importe quoi, c’est le poids lourd de l’absurde, c’est vraiment drôle!

Wilt est un pauvre type, il a 40 ans, il a un job nerveusement terrifiant, sans l’ombre d’un avancement possible, il a une femme, Eva, pour qui la vie rêvée serait celle où le Harpic réussirait à rendre les toilettes étincelantes de brillance comme dans les pubs, et ses seuls moments d’évasion sont ceux où il s’imagine en train de la tuer pendant la promenade du chien. Le pire dans tout ça, c’est qu’il le sait.

Suite à divers événements rocambolesques, Wilt se retrouve au poste en train d’essayer d’expliquer à l’inspecteur Flint qu’il n’a pas assassiné sa femme, laquelle est en fait en train de passer quelques jours sur un bateau avec un couple de cinglés. La vérité – à savoir qu’il a balancé sur un chantier une poupée gonflable habillée comme sa femme, et que par ailleurs, il n’a pas la moindre idée d’où peut se trouver celle-ci – est tellement burlesque que l’inspecteur le prend pour un criminel haut de gamme.

J’ai bien ri, notamment vers la fin du roman où je n’ai pas pu maîtriser mes gloussements ! Après, c’est un humour particulier, je ne suis pas sûre que tout le monde y soit sensible…

 
Un petit passage :

« Eva, en dépit de toutes ses belles pensées et méditations, n’a pas changé d’un iota. L’Empyrée ne veut pas d’elle. Le Nirvana lui échappe. La Beauté et la Vérité sont hors de son atteinte. Elle court après l’Absolu avec un chasse-mouches et déverse du Harpic dans les canalisations de l’Enfer lui-même…
- Ca fait la dixième fois que vous parlez de Harpic, dit l’inspecteur qui voyait poindre au loin une nouvelle et monstrueuse explication. Vous ne voulez pas dire…
Wilt fit non de la tête.
- Vous voyez comme vous êtes. Exactement comme la pauvre Eva. Vous prenez tout au pied de la lettre. Vous voulez à tout prix vous emparer des choses évanescentes et vous attrapez l’imaginaire par sa barbiche inexistante. Comme Eva. Jamais elle ne dansera le Lac des cygnes : aucun théâtre ne la laisserait noyer la scène sous les grandes eaux ni installer un lit à deux places, et je suis sûr qu’elle se battrait pour ça. »

Si vous n’avez même pas esquissé un sourire à la lecture de ce passage, je crains que ce livre ne soit pas fait pour vous…

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
J'ai adoré le Harpic comme leitmotiv !
Répondre
K
<br /> Je ne m'en souvenais plus, ton billet m'a mis quelques images du livre en mémoire, c'est vrai que c'était amusant!<br /> <br /> <br />
S
Sharpe est un de mes auteurs préférés, mais son style est tellement riche et loufoque, qu'il faut faire gaffe à l'indigestion...<br /> Impayable Wilt : j'ai le sourire rien qu'à prononcer son nom ;-))
Répondre
K
J'ai vu que tu étais fan ;) Je n'achète pas la suite pour l'instant, à cause de ma PAL mais aussi par crainte de ne plus être sensible à l'humour de Sharpe si je ne laisse pas passer un peu de temps.
B
bonsoir <br /> je l'ai lu <br /> il est super <br /> merci d'en parler
Répondre
K
Bonsoir Bernard, bienvenue sur ce blog, je suis contente que nous ayons ce goût commun pour Wilt :)
H
Je fais partie de ceux qui n'ont pas aimé cette lecture. Ce n'est pourtant pas faute d'aimer le burslesque, l'humour anglais etc... mais là, je n'ai rien trouvé de plaisant à ce livre.
Répondre
L
Je suis bien content de voir que Sharpe t'a plu ! Sharpe est la preuve qu'il est possible de faire de l'humour intelligent.
Répondre
K
J'ai vu qu'il ne faisait pas l'unanimité pour autant ; je fais partie des séduits ;)