Mémoires dHadrien de Marguerite Yourcenar
"J'ai formé le projet de te raconter ma vie." Sur son lit de mort, l'empereur romain Hadrien (117-138) adresse une lettre au jeune Marc Aurèle dans laquelle il commence par donner "audience à ses souvenirs".
Très vite, le vagabondage d'esprit se structure, se met à suivre une chronologie, ainsi qu'une rigueur de pensée propre au grand personnage. Derrière l'esthète cultivé et fin stratège qu'était Hadrien, Marguerite Yourcenar aborde les thèmes qui lui sont chers : la mort, la dualité déroutante du corps et de l'esprit, le sacré, l'amour, l'art et le temps.
J’aime les romans historiques et avec celui-ci j’ai découvert un homme fascinant. Je sais bien qu’il s’agit d’une histoire romancée, mais, ne connaissant pas du tout le personnage historique d’Hadrien, je me plais à croire qu’il était aussi humaniste que le présente Yourcenar. Il apparaît comme un empereur qui prend sur ses épaules la responsabilité de l’avenir de son pays, comme un amoureux qui vit les affres du deuil de l’être aimé, comme un solitaire, conscient des mécanismes du monde dans lequel il vit.
Les « mémoires d’Hadrien » prennent une forme particulière : c’est un roman, mais qui touche à la longue tirade poétique dans le même temps. Ce n’est pas un « roman à suspense » qu’on ne peut plus lâcher une fois ouvert. Je l’ai lu lentement, il m’a accompagnée durant trois longues semaines et je crois que c’est bien ainsi. C’est toute une façon de penser que nous propose Yourcenar à travers Hadrien (est-ce celle d’un homme ou d’une époque ?).
Mon seul bémol toucherait quand même au rythme du livre, rendu parfois un peu lent du fait de la construction particulière de ces mémoires.