La vie devant soi de Romain Gary
Entre Madame Rosa et Momo, c'est un amour maternel qui ne passerait pas par les liens du sang, c'est l'amitié entre les peuples juif et arabe, c'est le poids de l'Histoire allégé par l'appétit de vivre.
Le roman se passe à Belleville, vingtième arrondissement de Paris, sixième étage sans ascenseur. Momo a dix ans, peut-être quatorze en réalité. Cela fait beaucoup de chiffres pour un môme qui réinvente le dictionnaire et a le sens de la maxime: « Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux. »
Lisez, vous serez touchés par les mots de Momo.
Ah là là, c’est beau, c’est émouvant… La langue de Momo est surprenante, voici quelques petits extraits :
« Je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie. Le bonheur, c’est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre. »
« Madame Lola était gentille comme je n’en ai pas connu beaucoup. Elle a toujours voulu avoir des enfants mais je vous ai déjà expliqué qu’elle n’était pas équipée pour ça, comme beaucoup de travestites qui ne sont pas de ce côté-là en règle avec les lois de la nature ».
« Moi je trouve qu’il n’y a pas plus dégueulasse que d’enfoncer la vie de force dans la gorge des gens qui ne peuvent pas se défendre et qui ne veulent plus servir ».
C’est un roman plein d’amour, de ce jeune garçon qui veut tout faire pour aider la vieille madame Rosa même s’il n’a « jamais vu personne d’aussi vieux et moche », de madame Rosa qui cache certaines choses à Momo pour le garder auprès d’elle, de Momo pour son chien, qu’il vend pour qu’il ait une meilleur vie…
C’est aussi un roman plein de tolérance qui se fiche des professions, des religions, des ethnies.
Le fond plus la forme, ça donne une œuvre vraiment belle que je vous invite fortement à lire.
A noter que ce roman a été écrit sous le pseudonyme d’Emile Ajar (pour pouvoir le retrouver selon les éditions).