Le vent du plaisir d’Hervé Hamon

« J'appartiens à une génération, celle de 1968 pour parler vite, que le vent de l'histoire a violemment transbordée de rive en rive. Ce vent-là fut et reste un vent favorable, source de luxes nécessaires : le plaisir de la révolte et celui d'en finir avec la révolution, le plaisir de respirer dans une société de plus en plus laïque, le plaisir de voir s'éloigner des "repères" effrayants et désuets. Celui de s'engager mais aussi de se dégager. Ce n'est que du vent, le plaisir, mais le vent, c'est une force.
Les plaisirs que j'évoquerai sont parfois collectifs et parfois singuliers, gageant que "je" et "nous" sont éminemment compatibles. Je traiterai donc ici de l'école, et là de la jouissance d'écrire, ici de politique, et là d'amour filial, rassemblant des plaisirs qui, au total, font mon plaisir de cheminer, de vieillir, de vivre maintenant, bref, mon plaisir de vivre tout court. Lequel est grand. »
En fait, ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais (je pensais lire un livre sur le plaisir de naviguer ou ce genre de chose). Hervé Hamon parle en fait du plaisir en général, à travers divers thèmes et expériences.
J'ai aimé : le chapitre qu'il consacre à mai 68 ; certains passages sur la légèreté ; certains du chapitre intitulé "apprendre, instruire" (chapitre qui m'a parfois réjouie, parfois agacée) ; le chapitre consacré à l'écriture ; le dernier sur sa dernière journée avec sa mère.
Certains passages font sourire, d'autres font réfléchir, d'autres encore sont émouvants. Ce qui est plaisant, c'est de sentir la sincérité du propos de Hervé Hamon. Il nous parle de son plaisir et arrive souvent (pas à tous les coups non plus, hein) à nous le transmettre.
Un petit mot sur le style : je l'ai apprécié, mais il n'est pas neutre. Ce n'est pas un livre dans lequel le style s'efface pour servir l'histoire. Peut-être est-ce justement dû à son statut hybride, ni roman ni vraiment essai?