L'attrape-coeurs de J.D. Salinger
Holden Caulfield, 16 ans, s'est encore fait virer de son lycée... Il n'ose pas l'avouer à ses parents et doit donc attendre mercredi pour rentrer passer chez eux les fêtes de Noël. Ce sont trois jours d'errance et de questionnements qui commencent.
Holden est un ado, il rejette ce et ceux qui l'entourent, ses copains de chambre sont de pauvres types, les profs sont barbants, son père fait un métier qui ne sert qu'à flouer les gens pour aller jouer peinard au golf le dimanche... Bref, jamais content, un ado, quoi. Certains trouvent tout de même grâce à ses yeux, comme sa petite soeur Phoebe, qu'il adore. Cet attachement est vraiment touchant! On voit d'ailleurs à plusieurs reprises qu'il n'est pas si odieux qu'il le prétend envers les autres, notamment lorsqu'il s'inquiète de la peine qu'éprouvera sa mère lorsqu'elle le saura viré encore une fois.
Au départ, j'ai souri à lire le style de l'auteur, c'est véritablement un ado qui s'exprime! Bien que ma traduction utilise des expressions vraiment datées... J'aurais été ado, j'aurais trouvé ce roman terriblement ringard à cause de ça. J'ai aussi été touchée par le désarroi de Holden, qui tente de jouer aux adultes, mais qui a des réactions et réflexions d'ado, voire d'enfant parfois. Il est finalement très seul, et on a envie de l'aider, bien qu'on sache qu'il ne nous écoutera pas...
Cela dit, je n'ai pas eu de coup de coeur pour ce roman, je dirais même qu'il n'aurait pas fallu qu'il soit plus long, sinon j'aurais décroché. Je comprends qu'un tel style ait pu être novateur à sa sortie en 1951. Mais je ne me suis pas reconnue en Holden et je pense que je me serais encore moins identifiée à l'adolescence (j'étais moins tolérante, je l'aurais juste pris pour un gosse de riche en pleine crise idiote!).
J'ai recopié ci-dessous un petit passage qui me semble assez représentatif, et du style et des idées : Holden évoque ici l'ambiance dans les collèges de garçons.
"Y a que des types foireux, et tout ce qu'ils font c'est étudier afin d'en savoir assez pour arriver plus tard à s'acheter une saloperie de Cadillac, et faut prétendre que ça vous embête si l'équipe de foot a perdu, et on glande du matin au soir à baratiner sur les filles et sur l'alcool et le sexe, et on forme des petits groupes merdiques de soi-disant copains qui se serrent les coudes".
L'avis de Christelle, avec laquelle j'ai partagé cette "lecture commune", mais aussi ceux d'Allie, le Bibliomane, Choupynette, Cuné, Essel, Karine :), Malice, Praline.