Bouquiner d'Annie François
A ceux qui demandent " Dis-moi ce que tu lis... ? ", l'auteur répond par " Comment je lis ". Couchée ? Assise ? Au bureau, à la maison, à l'hôtel, au restaurant, dans le métro, à l'hôpital ? Pourquoi ci ? Pourquoi ça ? Avec ou sans marque-page ? Sur les conseils d'un ami, d'un critique, d'un libraire ? Des gros volumes, des opuscules ? Comment classer, empiler, ranger, ne pas ranger, déranger ses livres ? Déménager à cause des livres ? Quel plaisir prend-on au velouté ou à la finesse du papier, à la souplesse ou à la rigidité des reliures, au bruit des pages qu'on feuillette, à leur odeur ? Quel rapport avec la mémoire ou l'oubli, la culture et l'inculture ?
Au fil d'une cinquantaine de chapitres drôles ou émouvants se dessinent une sorte d'autobiobibliographie, de portrait d'un couple, d'une tribu amicale, d'une confrérie de lecteurs dont on aime à se sentir proche.
J’avais tant entendu parler de ce livre… que je suis un peu déçue. Il m’a plu, certes, mais je m’attendais à quelque chose de plus jubilatoire, d’autant que je ne me suis pas tant reconnue dans les manies de lecteur décrites au fil du livre. J’ai même poussé des cris d’effroi à certains passages : « Pendant les vacances, point de mal au dos : quand le volume était trop gros, j’arrachais ma dose du jour et, à l’exemple des valeureux navigateurs, je jetais les feuilles eu fur et à mesure, au gré des poubelles publiques » (p.126 dans l’édition de poche).
Je me suis reconnue pour certaines choses quand même ; moi aussi, j’adore lire avachie (dans mon lit, sur le canapé).
Moi aussi, je lis dans les transports en communs, même quand je n’ai que quatre stations.
Moi aussi, j’angoisse quand je n’ai pas de livre avec moi ; c’est rare, quand même, mais alors quelle panique ! Je me souviens être allée l’an dernier au cinéma, seule car encore une fois le film n’intéressait que moi, et là, horreur, rien dans le sac. J’ai passé 15 minutes à retourner le programme du cinéma dans tous les sens et à pester intérieurement.
L’alitement forcé (maladies…) ou les longs trajets de train sont également d’excellents moments pour s’adonner à sa passion.
Enfin, les librairies sont pour moi aussi des lieux de débauche dans lesquels on est partagé entre la culpabilité d’être si faible face à la tentation et la jouissance de nager au milieu de tant d’objets de ravissement.
En revanche, je diffère d’Annie François de nombreuses façons.
J’achète, du neuf, de l’occasion, du très bon état, du presque foutu ; j’emprunte, aussi. J’aime tous les livres. J’ai même sauvé de la poubelle « la vie de Lavoisier », c’est dire.
Ca ne me gêne pas si un livre déjà passé par d’autres mains est gribouillé, mais je ne le fais jamais. Je me contente de corriger les fautes d’orthographe :p
Je ne lis jamais aux toilettes ni à la salle de bains.
Quant aux marque-pages, j’en utilise toujours, qu’ils aient été conçu dans ce but ou qu’il s’agisse d’objets détournés (carte postale, ticket de caisse…).
Malgré ma légère déception, j’ai toujours autant envie de lire des livres en lien avec la lecture, le lecteur, la bibliophilie… Je ne les ai pas lus, mais j’aimerais un jour ouvrir « dix mille » d’Andrea Kerbaker, « la maison en papier » de Carlos Maria Dominguez et l’un des ouvrages d’Alberto Manguel.
Et vous, quel lecteur êtes-vous?